Et moi dans tout ça ?

Dans les études précédentes nous avons vu que pour connaître Dieu, nous devons passer par Jésus-Christ et adopter sa manière de penser. C'est déjà un bon départ. Mais qu'est-ce qui m'empêche de la faire naturellement ? Revenons au commencement.

3 1Le serpent était le plus avisé de tous les animaux de la campagne que le SEIGNEUR Dieu avait faits. Il dit à la femme : Dieu a-t-il réellement dit : « Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ! » 2La femme dit au serpent : Nous pouvons manger du fruit des arbres du jardin. 3Mais quant au fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : « Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas, sinon vous mourrez ! » 4Alors le serpent dit à la femme : Pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! 5Dieu le sait : le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme des dieux qui connaissent ce qui est bon ou mauvais.
(Genèse 3,1-5 - NBS)

Cette parabole du serpent qui parle est très instructive. Elle décrit ce que les théologiens appellent "la chute" c'est-à-dire le passage de l'innocence à la responsabilité et à la culpabilité. Car la question du serpent n'est pas une question historique (jamais un serpent n'a parlé à un humain !) mais une question éthique qui si nous nous la posons à nous au 21ème siècle pourrait se traduire ainsi :

"dans quel domaine de ta vie te prends-tu pour Dieu ?"

La question ne consiste pas à savoir si nous tentons de prendre la place de Dieu, mais plutôt de quelle manière nous le faisons. Prendre la place de Dieu ou donner cette place à quelqu'un d'autre, c'est ce que la bible appelle "idolâtrie" ou encore "péché". Comment reconnaître le péché ou l'idolâtrie dans ma vie ? Lorsque je confère la toute puissance à moi-même ou à toute autre être de ce monde, je suis idolâtre.

Quand je cherche la toute puissance, elle se manifeste par exemple par l'égoïsme, l'égocentrisme, la convoitise, l'envie, le mensonge, la manipulation, mais aussi le désir de contrôler l'incontrôlable ce qui conduit au stress, à l'inquiétude, au mensonge, à l'hypocrisie, à la manipulation, au jugement ou au contraire à l’apitoiement sur soi...

Quand je confère la toute puissance à quelqu'un d'autre celle-ci se manifeste par un manque d'esprit critique, l'admiration excessive d'un autre voire la dépendance aux autres...

Évidemment l'une ou l'autre attitude ne peut que nous nuire. Mais elle nuit aussi à nos relations avec les autres et en particulier à notre relation avec Dieu, le "tout Autre". La destruction de notre relation spirituelle à Dieu se voit physiquement à travers la crucifixion de Jésus de Nazareth lors de la Pâque de l'an 30 de notre ère.

Dans les Actes des apôtres l'évangéliste Luc (qui en est l'auteur) élabore un récit de la pentecôte de l'an 30 qui permet de comprendre théologiquement ce qui est attendu de ceux qui, grâce à Jésus, prennent conscience de leur idolâtrie. Pierre, un compagnon de de la première heure de Jésus prêchait à tout le peuple :

36Que toute la maison d’Israël le sache donc bien : Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous avez crucifié !

37Après avoir entendu cela, ils eurent le cœur transpercé, et ils dirent à Pierre et aux autres apôtres : Frères, que devons-nous faire ?

38Pierre leur dit : Changez radicalement ; que chacun de vous reçoive le baptême au nom de Jésus-Christ pour le pardon de ses péchés, et vous recevrez le don de l’Esprit saint. 39Car la promesse est pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur, notre Dieu, les appellera. (...) 41Ceux qui accueillirent sa parole reçurent le baptême...
(Actes 2,36-41 - NBS)

L'apôtre prêche que Jésus, bien que mis à mort par les humains est ressuscité par Dieu. Dieu est du côté de Jésus et non du côté des juges qu'ils soient politiques (les romains) ou religieux (les juifs). Le monde entier s'est ligué contre l'homme Jésus mais c'est lui qui avait raison contre le monde entier.

Et ce qui est peut-être le plus important dans ce passage c'est que les auditeurs de Pierre eurent "le cœur transpercé". Pourquoi est-ce important ? Parce que cela démontre que leur compréhension de la mort de Jésus sur la Croix n'était pas seulement cognitive mais aussi émotionnelle : ils ressentaient !

Et que ressentaient-ils ? Que le Christ est mort pour nos péchés.

Qu'est-ce que cela peut bien vouloir dire ? Si nous reprenons la notion de péché telle qu'évoquée au début  de cette étude, Jésus a pris sur lui notre idolâtrie et notre toute puissance. Pour le dire autrement : il a accepté de se soumettre à notre (pseudo) toute-puissance humaine (Philippiens 2,5-8) pour que nous puissions l'abandonner et revenir à Dieu. Or revenir à Dieu c'est ce que la bible appelle "la repentance" traduite ici par "changer radicalement". Jésus rend Dieu accessible à ceux qui comprennent (intellectuellement et émotionnellement) que leur désir de toute puissance les sépare de Dieu. Non seulement cela mais en plus Jésus en mourant sur la croix démontre que Dieu n'a que faire de la toute puissance !!! En voulant être tout-puissants nous avons tout faux : non seulement c'est impossible mais en plus cela démontre une mauvaise image de Dieu (transmise par le serpent) : celle d'un Dieu qui dominerait le monde à son profit. Prendre conscience que la toute-puissance de Dieu n'a rien à voir avec ce que nous imagions de la toute-puissance2, c'est cela qui "transperce le cœur".

Pierre propose à ceux qui ont compris et/ou ressentit cela de changer leur manière d'envisager la vie, le monde et les relations et de se faire baptiser1. Le baptême c'est l'engagement envers Dieu de se battre contre la toute-puissance grâce à cette nouvelle vision de la vie du monde et des relations. Cette nouvelle vision du monde est ce qui correspond à recevoir le Saint-Esprit. Pour recevoir cet Esprit, il est nécessaire non seulement de comprendre (repentance) mais aussi de s'engager (baptême) à persévérer.

Persévérer se fait à travers la participation régulière au repas du Seigneur comme le montre la description de l'église juste après la pentecôte :

42Ils étaient assidus à l’enseignement des apôtres, à la communion fraternelle, au partage du pain et aux prières. (...) 46Chaque jour, ils étaient assidus au temple, d’un commun accord, ils rompaient le pain dans les maisons et ils prenaient leur nourriture avec allégresse et simplicité de cœur...
(Actes 2,42-46 - NBS)

 

En conclusion : Croire, se repentir, être baptisé et persévérer sont les 4 étapes de la vie chrétienne. La dernière est la plus longue et la plus difficile car les doutes et les questionnements sont nombreux au fur et à mesure des évènements de la vie. Ces doutes et ces questionnements ne doivent cependant pas être refoulés car ils sont ce qui permet à notre foi (confiance en Dieu) de se fortifier, mais nous devons les affronter courageusement et avec l'aide de nos frères et sœurs chrétiens. C'est aussi cela l'église.

Maintenant, la question qui subsiste est celle-ci :

"qu’est-ce qui m’empêche de recevoir le baptême ?"3


Notes

1- On entend souvent l'expression "je vais me baptiser" ou "je me suis baptisé". Or on ne peut se baptiser soi-même car le baptême est celui de Jésus : c'est dans la mort et la résurrection de Jésus (Romains 6,4) que nous sommes baptisés, par Jésus (Romains 6,3), par l'intermédiaire d'un de ses disciples (1Corinthiens 1,14). Être baptisé est nécessairement au passif car c'est s'abandonner entre les mains de Dieu et non entre nos propres mains.

2- Lire 1Corinthiens 1,18-25.

3- Actes 8,36