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Dans les études précédentes nous avons vu que pour connaître Dieu, nous devons passer par Jésus-Christ et adopter sa manière de penser. C'est déjà un bon départ. Mais qu'est-ce qui m'empêche de la faire naturellement ? Revenons au commencement.

3 1Le serpent était le plus avisé de tous les animaux de la campagne que le SEIGNEUR Dieu avait faits. Il dit à la femme : Dieu a-t-il réellement dit : « Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ! » 2La femme dit au serpent : Nous pouvons manger du fruit des arbres du jardin. 3Mais quant au fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : « Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas, sinon vous mourrez ! » 4Alors le serpent dit à la femme : Pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! 5Dieu le sait : le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme des dieux qui connaissent ce qui est bon ou mauvais.
(Genèse 3,1-5 - NBS)

Cette parabole du serpent qui parle est très instructive. Elle décrit ce que les théologiens appellent "la chute" c'est-à-dire le passage de l'innocence à la responsabilité et à la culpabilité. Car la question du serpent n'est pas une question historique (jamais un serpent n'a parlé à un humain !) mais une question éthique qui si nous nous la posons à nous au 21ème siècle pourrait se traduire ainsi :

"dans quel domaine de ta vie te prends-tu pour Dieu ?"

La question ne consiste pas à savoir si nous tentons de prendre la place de Dieu, mais plutôt de quelle manière nous le faisons. Prendre la place de Dieu ou donner cette place à quelqu'un d'autre, c'est ce que la bible appelle "idolâtrie" ou encore "péché". Comment reconnaître le péché ou l'idolâtrie dans ma vie ? Lorsque je confère la toute puissance à moi-même ou à toute autre être de ce monde, je suis idolâtre.

Quand je cherche la toute puissance, elle se manifeste par exemple par l'égoïsme, l'égocentrisme, la convoitise, l'envie, le mensonge, la manipulation, mais aussi le désir de contrôler l'incontrôlable ce qui conduit au stress, à l'inquiétude, au mensonge, à l'hypocrisie, à la manipulation, au jugement ou au contraire à l’apitoiement sur soi...

Quand je confère la toute puissance à quelqu'un d'autre celle-ci se manifeste par un manque d'esprit critique, l'admiration excessive d'un autre voire la dépendance aux autres...

Évidemment l'une ou l'autre attitude ne peut que nous nuire. Mais elle nuit aussi à nos relations avec les autres et en particulier à notre relation avec Dieu, le "tout Autre". La destruction de notre relation spirituelle à Dieu se voit physiquement à travers la crucifixion de Jésus de Nazareth lors de la Pâque de l'an 30 de notre ère.

Dans les Actes des apôtres l'évangéliste Luc (qui en est l'auteur) élabore un récit de la pentecôte de l'an 30 qui permet de comprendre théologiquement ce qui est attendu de ceux qui, grâce à Jésus, prennent conscience de leur idolâtrie. Pierre, un compagnon de de la première heure de Jésus prêchait à tout le peuple :

36Que toute la maison d’Israël le sache donc bien : Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous avez crucifié !

37Après avoir entendu cela, ils eurent le cœur transpercé, et ils dirent à Pierre et aux autres apôtres : Frères, que devons-nous faire ?

38Pierre leur dit : Changez radicalement ; que chacun de vous reçoive le baptême au nom de Jésus-Christ pour le pardon de ses péchés, et vous recevrez le don de l’Esprit saint. 39Car la promesse est pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur, notre Dieu, les appellera. (...) 41Ceux qui accueillirent sa parole reçurent le baptême...
(Actes 2,36-41 - NBS)

L'apôtre prêche que Jésus, bien que mis à mort par les humains est ressuscité par Dieu. Dieu est du côté de Jésus et non du côté des juges qu'ils soient politiques (les romains) ou religieux (les juifs). Le monde entier s'est ligué contre l'homme Jésus mais c'est lui qui avait raison contre le monde entier.

Et ce qui est peut-être le plus important dans ce passage c'est que les auditeurs de Pierre eurent "le cœur transpercé". Pourquoi est-ce important ? Parce que cela démontre que leur compréhension de la mort de Jésus sur la Croix n'était pas seulement cognitive mais aussi émotionnelle : ils ressentaient !

Et que ressentaient-ils ? Que le Christ est mort pour nos péchés.

Qu'est-ce que cela peut bien vouloir dire ? Si nous reprenons la notion de péché telle qu'évoquée au début  de cette étude, Jésus a pris sur lui notre idolâtrie et notre toute puissance. Pour le dire autrement : il a accepté de se soumettre à notre (pseudo) toute-puissance humaine (Philippiens 2,5-8) pour que nous puissions l'abandonner et revenir à Dieu. Or revenir à Dieu c'est ce que la bible appelle "la repentance" traduite ici par "changer radicalement". Jésus rend Dieu accessible à ceux qui comprennent (intellectuellement et émotionnellement) que leur désir de toute puissance les sépare de Dieu. Non seulement cela mais en plus Jésus en mourant sur la croix démontre que Dieu n'a que faire de la toute puissance !!! En voulant être tout-puissants nous avons tout faux : non seulement c'est impossible mais en plus cela démontre une mauvaise image de Dieu (transmise par le serpent) : celle d'un Dieu qui dominerait le monde à son profit. Prendre conscience que la toute-puissance de Dieu n'a rien à voir avec ce que nous imagions de la toute-puissance2, c'est cela qui "transperce le cœur".

Pierre propose à ceux qui ont compris et/ou ressentit cela de changer leur manière d'envisager la vie, le monde et les relations et de se faire baptiser1. Le baptême c'est l'engagement envers Dieu de se battre contre la toute-puissance grâce à cette nouvelle vision de la vie du monde et des relations. Cette nouvelle vision du monde est ce qui correspond à recevoir le Saint-Esprit. Pour recevoir cet Esprit, il est nécessaire non seulement de comprendre (repentance) mais aussi de s'engager (baptême) à persévérer.

Persévérer se fait à travers la participation régulière au repas du Seigneur comme le montre la description de l'église juste après la pentecôte :

42Ils étaient assidus à l’enseignement des apôtres, à la communion fraternelle, au partage du pain et aux prières. (...) 46Chaque jour, ils étaient assidus au temple, d’un commun accord, ils rompaient le pain dans les maisons et ils prenaient leur nourriture avec allégresse et simplicité de cœur...
(Actes 2,42-46 - NBS)

 

En conclusion : Croire, se repentir, être baptisé et persévérer sont les 4 étapes de la vie chrétienne. La dernière est la plus longue et la plus difficile car les doutes et les questionnements sont nombreux au fur et à mesure des évènements de la vie. Ces doutes et ces questionnements ne doivent cependant pas être refoulés car ils sont ce qui permet à notre foi (confiance en Dieu) de se fortifier, mais nous devons les affronter courageusement et avec l'aide de nos frères et sœurs chrétiens. C'est aussi cela l'église.

Maintenant, la question qui subsiste est celle-ci :

"qu’est-ce qui m’empêche de recevoir le baptême ?"3

 

* - * - *

 

Cette étude en 4 volets est minimaliste. Elle a pour objectif de vous aider à mieux comprendre ce que veut dire devenir chrétien (car comme disait Tertullien :"on ne nait pas chrétien, on le devient"). Mais pour prendre ce genre de décision, il est bon d'être accompgné. N'hésitez pas à prendre contact avec nous si besoin.


Notes

1- On entend souvent l'expression "je vais me baptiser" ou "je me suis baptisé". Or on ne peut se baptiser soi-même car le baptême est celui de Jésus : c'est dans la mort et la résurrection de Jésus (Romains 6,4) que nous sommes baptisés, par Jésus (Romains 6,3), par l'intermédiaire d'un de ses disciples (1Corinthiens 1,14). Être baptisé est nécessairement au passif car c'est s'abandonner entre les mains de Dieu et non entre nos propres mains.

2- Lire 1Corinthiens 1,18-25.

3- Actes 8,36

 
 
 

Dans l'étude précédente nous avons vu que pour connaître Dieu, nous devons passer par Jésus-Christ. C'est ce que Jésus dit de lui même à Thomas et Philippe, deux de ses disciples, en Jean 14, un échange que l'évangéliste Jean a placé à la veille de la mort de Jésus :

14 1Que votre cœur ne se trouble pas. Mettez votre foi en Dieu, mettez aussi votre foi en moi. 2Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père. Sinon, vous aurais-je dit que je vais vous préparer une place ? 3Si donc je m’en vais vous préparer une place, je reviens vous prendre auprès de moi, pour que là où, moi, je suis, vous soyez, vous aussi. 4Et là où, moi, je vais, vous en savez le chemin.
5Thomas lui dit : Seigneur, nous ne savons pas où tu vas ; comment en saurions-nous le chemin ? 6Jésus lui dit : C’est moi qui suis le chemin, la vérité et la vie. Personne ne vient au Père sinon par moi. 7Si vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Et, dès maintenant, vous le connaissez et vous l’avez vu.
8Philippe lui dit : Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffit. 9Jésus lui dit : Il y a si longtemps que je suis avec vous et tu ne me connais pas, Philippe ? Celui qui m’a vu a vu le Père...
(NBS)

Jésus appelle ses disciples à avoir foi. Or la foi c'est faire confiance à Dieu. Et il leur explique que pour avoir cette confiance en Dieu ils peuvent lui faire confiance à lui. Mais de quelle foi ou confiance parle-t-il ? Il leur parle d'une place préparée pour eux et qu'il reviendra les chercher... C'est mystérieux et il serait vain de tenter de spéculer sur ce que représente précisément cette place. Mais ce que Jésus dit c'est qu'il va mourir (il s'en va) et qu'il va revenir. Personne ne meurt et ne revient ! Si quelqu'un le fait alors il est digne de confiance pour répondre à nos questions existentielles. Il est digne de pourvoir dire qu'il est le chemin (vers Dieu), la vérité et la vie. Il a le droit de proposer une espérance à laquelle on peut faire confiance. Quelques versets plus loin, Jésus dit à l'ensemble des disciples réunis autour de lui :

12Amen, amen, je vous le dis, celui qui met sa foi en moi fera, lui aussi, les œuvres que, moi, je fais ; il en fera même de plus grandes encore, parce que, moi, je vais vers le Père... 
(Jean 14,12 - NBS)

Si Jésus est le chemin c'est en deux sens différents :
- d'abord il montre le chemin de la vie, c'est à dire d'une vie par delà la mort.
- ensuite il montre le chemin de la vie, c'est à dire un exemple pour vivre ici et maintenant.

Et les deux sont liés. C'est en vivant pleinement ici et maintenant, comme Jésus l'a fait pendant sa vie que nous pourrons le rejoindre là où il est, à cette place qu'il a préparée. Comme dit par deux fois le Nouveau Testament : Jésus est le premier né d'entre les morts (Colossiens 1,18 ; Apocalypse 1,5). S'il est le premier, c'est que d'autre suivront.

Ainsi Jésus est l'exemple, celui auquel nous aspirons à ressembler1 :
- son amour pour les autres doit devenir notre amour pour les autres,
- son engagement contre l'injustice doit devenir notre engagement,
- son authenticité doit devenir notre authenticité,
- sa spontanéité notre spontanéité,
- sa conscience claire la nôtre aussi... etc. etc.
Cependant si nous sommes amenés à intégrer l'humanité, nous ne sommes pas appelés à nous sacrifier pour les autres2 comme lui l'a fait.

 

Dans un autre style littéraire, l'apôtre Paul disait à ses frères habitant dans la ville de Corinthe que lorsqu'il est venu leur annoncer la bonne nouvelle de Jésus :

Pour ma part, mes frères, lorsque je suis venu chez vous, ce n’est pas avec une supériorité de langage ou de sagesse que je suis venu vous annoncer le mystère de Dieu. Car j’ai jugé bon, parmi vous, de ne rien savoir d’autre que Jésus-Christ – Jésus-Christ crucifié.
(1Corinthiens 2,1-2 - NBS)

Le principe de base se répète inlassablement au cours du Nouveau Testament : le mystère3 de Dieu c'est Jésus-Christ, c'est-à-dire le Jésus qui nous donne un exemple d'humanité parfaite, et Jésus-Christ crucifié qui nous montre jusqu'à quel point Dieu est prêt à s'investir pour établir une relation avec nous : jusqu'au point de se vider de lui-même ! (2Corinhtiens 8,9 ; Philippiens 2,7 ; cf. Esaïe 53,12). Jésus-Christ est le chemin, Jésus-Christ crucifié est le message.

Dans l'étude précédente nous proposions de lire un évangile en se demandant comment Jésus montrait Dieu, aujourd'hui nous pouvons poursuivre notre méditation en lisant un autre évangile (pour varier) et comprendre :

Comment Jésus-Christ peut-il inspirer ma vie dans ce monde ?

Pour cela il est utile de se réjouir de ce qui va déjà dans le sens de Jésus, tout en acceptant de voir ce qui ne lui ressemble pas :

Comment puis-je me laisser transformer par son Esprit4 ?

Nous en reparlerons dans les études suivantes.


Notes

1- Ressembler est plus fort qu'imiter. Imiter consisterait à reproduire à l'identique ; ce serait "singer" en quelque sorte. Ressembler consiste à intégrer en nous l'Esprit de Jésus par la méditation des écritures ; il s'agit plus d'adapter la sagesse de Jésus à notre propre situation personnelle plutôt que de reproduire des gestes ou des attitudes de manière stéréotypées. Ce que nous devons intégrer c'est l'huamnité parfaite de Jésus. Sa part divine ne nous concerne pas (voir plus loin).

 

2- Seul Jésus est "sauveur" (nous préciserons ce que cela veut dire un peu plus tard). Ce que nous devons sacrifier n'est certainement pas notre personne, mais les limites humaines que nous mettons à notre vie et qui nous empêchent de nous épanouir dans notre humanité : amour, engagement, spontanéité, authenticité, conscience. Ce sont ces limites que nous devons crucifier. Jésus, ne nous appelle pas à la soumission ou à l'obéissance mais à nous développer à son image c'est à dire être cette image de Dieu dont parle Genèse 1,26 et dont Paul parle aussi en 2Corinthiens 3,16 en disant que c'est l'Esprit qui développe cette image en nous (voir aussi Galates 5,1.13.22-26).

 

3- Mystère vient du grec mustèrion qui veut dire "chose cachée ou secrète". Paul annoce le mystère de Dieu. Non pas parce qu'il a une compétence particulière pour lever les secrets mais parce qu'il a compris la signification de la mort de jésus sur la croix (voir quelques verset avant en 1Corinthiens 1,18-25).

 

4- Être transformé par l'Esprit de Jésus n'a rien de magique. Il s'agit de penser comme Jésus. Mais il n'est pas possible de le décider de manière consciente et cognitive. Cela passe par la méditation (lecture de la Bible, prière, partage avec d'autres chrétiens, lecture de livres d'édification spirituelle bien choisis).

 

Dans l'étude précédente sur la Bible nous avons lu une bonne partie du prologue de l'évangile de Jean. Ce texte dit que :

18Personne n’a jamais vu Dieu ;
celui qui l’a annoncé, c’est le Dieu Fils unique qui est sur le sein du Père.

(Jean 1,18 - NBS)

Dieu est invisible... bien plus : en réalité il est totalement inaccessible aux humains. Cela nous ramène à notre statut de créature, limitée dans le temps (nous sommes mortels) et dans l'espace (nous sommes "petits").

La question qui se pose maintenant est celle-ci : si je suis "incapable" d'approcher Dieu, cela veut-il dire qu'il n'y a aucun espoir pour l'humanité si ce n'est de profiter du moment présent ?

Dans cette question nous voyons la connexion entre les aspirations existentielles des humains et la notion de "Dieu". Pour répondre, avançons pas à pas. Ce verset que nous venons de lire donne un début de réponse. Il dit que Dieu est à la fois Père et Fils. Si nous ne pouvons pas approcher Dieu le Père parce qu'il est inaccessible, nous pouvons approcher Dieu le Fils unique dont le Nouveau Testament nous dit qu'il est Jésus-Christ. C'est une "bonne nouvelle" (en grec on dirait que c'est un "évangile"). Par le Fils Jésus-Christ Parole de Dieu, nous pouvons avoir accès à Dieu, non pas en étant super-spirituels, vertueux et capables d'élever notre âme jusqu'à Dieu, mais parce qu'en Jésus-Christ Dieu descend vers nous. Lorsqu’il vivait sur terre Jésus dit :

Celui qui met sa foi en moi, ce n’est pas en moi qu’il met sa foi, mais en celui qui m’a envoyé ; et celui qui me voit voit celui qui m’a envoyé.
(Jean 12,44–45 - NBS)

Le concept de "Dieu" si vertigineux nous devient accessible grâce à Jésus-Christ : quand je vois Jésus qui aime les exclus, je vois Dieu qui aime les exclus. Quand je vois Jésus qui refuse de condamner la femme adultère, je vois Dieu qui pardonne. Quand je vois Jésus chasser les marchands du temple, je vois Dieu qui s'oppose à la religiosité mal placée. Quand je vois Jésus accepter l'humiliation la torture et le supplice, je vois Dieu qui s'humilie et s'abaisse pour rester accessible même aux plus endurcis des hommes...

Voilà comment nous pouvons à voir confiance en Dieu : à travers Jésus nous pouvons savoir qui il est et entrer en relation spirituelle avec lui. Et tout simplement, "faire confiance", c'est ce que la Bible appelle "avoir la foi".

Je terminerai sur ce mot "spirituel" : il rapporte à l'Esprit. Jean le Baptiseur dit de Jésus :

Celui qui a reçu son témoignage a certifié que Dieu est vrai ; car celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu, parce qu’il donne l’Esprit sans mesure.
(Jean 3,33-34 - NBS)

Ici, celui qui a reçu le témoignage de Jésus c'est Jean le Baptiste. Et il témoigne que Jésus vient de Dieu. Chacun de nous peut accepter ce témoignage ou le refuser. Mais l'accepter n'est pas une affaire de connaissance ou de compréhension. C'est une question de confiance et d'engagement (le mot grec témoignage a donné le mot martyr en français).  Et l'accepter (confiance et engagement) permet de recevoir ce que Jésus donne généreusement : l'Esprit.

L'Esprit vient d'ailleurs, il est extérieur à nous, nous ne pouvons pas l'obtenir sans Jésus qui dit les paroles de Dieu. Ces paroles ne sont donc pas seulement des mots, mais plutôt quelque chose de Dieu qui pénètre en nous et qui nous lie à Lui.

Être spirituel c'est cela : accepter l'Esprit de Jésus, qui vient de Jésus, et le faire vivre en nous. Lorsque Jésus dit :

Moi, je demanderai au Père de vous donner un autre défenseur pour qu’il soit avec vous pour toujours, l’Esprit de la vérité, que le monde ne peut pas recevoir, parce qu’il ne le voit pas et qu’il ne le connaît pas ; vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure auprès de vous et qu’il sera en vous.
(Jean 14,16–17 - NBS)

il ne dit pas que quelque chose de magique va se passer. Il fait référence à un futur qui dans la narration est le lendemain et qui correspond à sa mort sur une croix. Et il dit que ceux qui intérioriseront ce qui se passe à la Croix (nous en parlerons à l'étude suivante), recevrons l'Esprit et pourrons vivre avec lui. Cette intériorisation est mystérieuse en ce sens que cela se passe dans notre intimité de manière cognitive et ou émotionnelle sans qu'on sache vraiment comment. Arpès la Croix, le Jésus terrestre aura fini sa mission, mais l'Esprit de Jésus demeure en nous.

 

A l'issue de cette (très) petite étude sur Dieu, nous savons maintenant que Jésus le Fils est notre porte d'accès à Dieu le Père et que si nous acceptons Jésus ainsi alors nous pouvons travailler à faire vivre en nous l'Esprit de Jésus, qui est aussi l'Esprit de Dieu, qui nous est donné et que nous acceptons. C'est cela la vie spirituelle dans la foi du Christ, c'est cela vivre en tant que chrétien.

A ce point de l'étude, il est nécessaire de lire un des quatre évangiles en gardant en tête au cours de la lecture cette question :

"Comment Jésus me montre-t-il Dieu ?"

La Bible est une collection d'écrits anciens dont certains s'appuient sur des traditions orales encore plus anciennes (comme les écrits constituants la Torah, ou bien les évangiles). Cette collection peut servir à plusieurs usages : historique, archéologique, théologique, exégétique, éthique... Mais les multiples auteurs que  la Bible nous propose de rencontrer ont tous en premier lieu écrit pour parler de Dieu et de leurs manières diversifiées d'être en relation avec Lui.  Le but des auteurs et de ceux qui ont compilés leurs écrits pendant environ 10 siècles était de transmettre aux générations après eux des indications sur la manière de chercher et rencontrer Dieu. Pour un usage spirituel nous ne nous intéressons pas à ce qui est historique ou non, seulement à ce que les auteurs bibliques ont voulu nous transmettre sur la spiritualité.

La Bible contient deux grandes parties : le premier testament, et le second, souvent appelés Ancien et Nouveau. Le second est une réactualisation de l'Alliance entre Dieu et les humains après ce qu'on peut appeler "l'évènement Jésus-Christ" dont aucun historien sérieux ne doute aujourd'hui.

Mais comment peut-on se servir de la Bible aujourd'hui ? N'est-elle pas dépassée ? Ne témoigne-t-elle pas d'un mode de pensée trop éloigné de la pensée moderne ? Bien sûr, si l'on veut absolument raisonner comme un auteur biblique aujourd'hui, cela pose des difficultés. Car la bible ne nous parle pas du fonctionnement du monde physique mais du fonctionnement de l'esprit : elle nous guide vers une sagesse spirituelle. Pour répondre à cette question entrons dans le texte, car la Bible contient en elle-même des piste pour sa compréhension :

Veille sur toi-même et sur ton enseignement ; demeure dans tout cela.
Car en agissant ainsi, tu sauveras et toi-même et ceux qui t’écoutent

(1Timothée 4,16 - NBS1)

Ce verset nous introduit dans la sagesse biblique : si je crois, au sens spirituel du terme, ma vie doit être en accord avec ce que je crois, surtout si je partage ce que je crois autour de moi. Ce verset invite à "veiller" à être cohérent entre ce que je crois et ce que je fais de ma vie. La spiritualité n'a d’intérêt que si cela impacte ma vie quotidienne. Elle ne peut pas être purement intellectuelle, ni même purement émotionnelle, l'alliance des deux doit se retrouver dans notre comportement.

Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour réfuter, pour redresser, pour éduquer dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit à la hauteur, parfaitement équipé pour toute œuvre bonne.
(2Timothée 3,16-17 - NBS)

Pour simplifier ici : "toute écriture" correspond à "la Bible"2.

Si toute écriture est inspirée de Dieu, alors la Bible possède une autorité. Mais cela ne veut pas dire que les écritures par elles-mêmes sont divines. On adore Dieu, pas les écritures ! Ainsi l'autorité de la Bible est une autorité de moyens : elle nous donne le moyen de vérifier si ce qu'on entendre dire sur Dieu est juste (cf. Actes 17,11) et elle sert de base commune pour parler de Dieu entre nous. Cela veut dire que l'autorité de la bible s'exerce de manière spirituelle. Elle n'a donc pas d'autorité ni scientifique, ni historique, ni morale.

Mais alors, comment respecter l'autorité de la Bible ? C'est assez simple à comprendre grâce au prologue de l'évangile de Jean :

1Au commencement était la Parole ; la Parole était auprès de Dieu ; la Parole était Dieu.
2Elle était au commencement auprès de Dieu.
3Tout est venu à l’existence par elle, et rien n’est venu à l’existence sans elle.
Ce qui est venu à l’existence 4en elle était vie, et la vie était la lumière des humains.
5La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres n’ont pas pu la saisir.
[...]
9La Parole était la vraie lumière, celle qui éclaire tout humain ;
elle venait dans le monde. 10Elle était dans le monde, et le monde est venu à l’existence par elle,
mais le monde ne l’a jamais connue. 11Elle est venue chez elle, et les siens ne l’ont pas accueillie ;
[...]
14La Parole est devenue chair ; elle a fait sa demeure parmi nous, et nous avons vu sa gloire, une gloire de Fils unique issu du Père ; elle était pleine de grâce et de vérité.
[...]
17car la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ.
18Personne n’a jamais vu Dieu ; celui qui l’a annoncé, c’est le Dieu Fils unique qui est sur le sein du Père.

(Jean 1,1-18 - NBS)

En parlant de Parole (en grec le logos) qui éclaire l'humanité l'évangéliste parle de Jésus-Christ. Pas seulement de Jésus, ni seulement du Christ. Car il donne ici une des premières interprétations de la signification de "l'évènement Jésus-Christ" : il est la Parole de Dieu.

Si Jésus-Christ est la Parole de Dieu, il nous "dit" Dieu, il l'annonce. Mais alors à quoi sert la Bible si c'est Jésus qui parle de Dieu de manière la plus vraie ? Et bien la Bible sert à rencontrer la Parole de Dieu. Elle n'est pas la Parole de Dieu, mais elle en est le médium elle la porte.

Une petite parabole permet mieux de saisir : si je veux voir la lumière à l'extérieur de chez moi, je regarde par la fenêtre. Bien évidemment ce n'est pas  la fenêtre elle même que je regarde, mais la lumière que je vois à travers elle. Si je n'avais pas de fenêtre, je ne pourrais pas voir la lumière, mais si j'en ai une je peux voir de l'autre côté. Ainsi le texte n'a pas d'importance en lui-même : ce qui est spirituellement important dans la Bible n'est pas la Bible elle-même mais Celui dont elle parle.

L'autorité de la Bible réside en ceci que : sans la Bible je ne pourrais pas accéder à Jésus-Christ-Parole-de-Dieu. Aussi Nous vous proposons de commencer par le commencement et de prendre le temps de :

Lire un évangile en entier3

 


Notes

1- NBS veut dire "Nouvelle Bible Second". C'est une des multiples traductions de la Bible en français. Nous pensons qu'elle représente le meilleur compromis entre les textes originaux écrits en hébreux (pour le premier testament) et en grec (pour le segond) et le rendu de la traduction en français. Certaines traduction insiste plus sur la fluidité du français au risque d'induire des interprétations, comme par exemple la NFC "Nouvelle Français Courant" ou la S21 "Second 21". D'autres tentent de rendre le texte plus fidèlement au risque d'une difficulté de lecture en français, et sans jamais pouvoir rendre vraiment toutes les nuances de la langue originale, comme par exemple la Bible Chouraqui (du nom du traducteur).

 

2- Quand l'auteur de la deuxième lettre de Paul à Timothée (qui n'est probablement pas Paul lui-même mais plutôt un de ses disciples de deuxième génération qui en appelle à l'autorité de Paul) écrit cela, il a en tête le premier testament. Il est probable qu'il ne connaisse du nouveau testament écrit que quelques lettres de Paul peut-être un évangile. Mais les premiers chrétiens ont vite perçu que leurs propres écrits pouvaient être "inspirés" comme en témoigne 2Pierre 3,15-16 qui parle des écrits de Paul comme faisant partie des écritures.

 

3- Si lire est difficile pour vous, nous vous suggérons d'écouter l'évangile lu par quelqu'un d'autre. Par exemple : Evangile de Jean version Parole de Vie (PDV).

Ces études ont pour but d'introduire à une spiritualité guidée par la Bible. Les grands principes soulignés dans ces études sont en gras afin de faire ressortir les idées principales.

 

Dans chaque étude, vous trouverez un défi qui dans l'idéal devrait être accompli avant de passer à l'étude suivante. Celui ci est indiqué en très gros, vous ne pouvez pas le rater !

 

Nous vous souhaitons un bon voyage spirituel.